Autobiographie de
Michel Polnareff
C'est
ce qu'on appelle, en langage marketing, un achat compulsif. Samedi soir, je
flâne au rayon livres, d'un supermarché quelconque et regarde les dernières
parutions. Mes yeux se posent sur cette belle couverture noire, sur laquelle on
découvre pour moitié, un Polnareff pensif, accoudé à une console, dans un
studio d'enregistrement et sur l'autre partie, le titre « Spèrme »,
écrit en caractères rouges, sauf deux lettres blanches, le S et le M.
Je
fus surpris par la locution utilisée, comme titre. Jamais, je n'ai vu d'accent
grave, ni aigu d'ailleurs, sur ce mot. Une coquetterie d'auteur, sans doute,
qui laisse entrevoir aux lecteurs, que le contenu de l'ouvrage allait être
riche en révélations croustillantes. Qu'importe, je suis tombé dans ce piège
commercial et ai mis le livre dans mon panier. Je me pressai de rentrer, afin
de tout savoir sur cet artiste, ô combien important, dans le petit monde de la
chanson française.
Une
fois bien installé, j'ai soupesé plus le livre. Un doute m'habita d'un seul
coup. Comment après cinquante ans de carrière, un chanteur peut-il condenser
son autobiographie, en deux cents pages ? N'importe quel ouvrage traitant
d'une aussi longue vie artistique mériterait au minimm un traitement sur le
double. Mais ne vendons pas la peau de l'amiral (c'est comme cela que ses fans
le surnomment), avant de l'avoir lu. Il n'a certainement conservé que le suc de
sa vie et n'a pas encombré inutilement le lecteur de scories.
Las,
rien de neuf sous le soleil. Il se répète beaucoup. Il est premier prix de
conservatoire, en piano. Son père était un tyran. Il s'est pris de nombreuses
dérouillées étant enfant. Il aime les femmes. Il aime les femmes et je crois
qu'il aime les femmes. Le chanteur revient d'entrée de jeu, sur la sordide
histoire vécue à la naissance de son fils, qui en réalité était d'un autre
père, mais aujourd'hui jure-t-il, tout va bien dans sa petite famille. Nous
comprenons très bien qu'il a une haute estime de lui-même et était sûr de
devenir quelqu'un d'important quand personne ne croyait en lui. Qu'il a passé
près de mille jours enfermés au Royal Monceau, à en devenir presque aveugle et
a jeté son dévolu sur la vodka, avant de passer au Whisky, lors de ses seules
sorties de sa chambre, en direction du bar. C'est un perfectionniste qui peut
mixer plus de cent fois le même titre.
Nous raconte l'histoire de la photo de l'Olympia, les fesses à l'air.
Revient sur son arrivée aux USA, sans un sou en poche, ruiné par un homme
d'affaire véreux, mais a les moyens de vivre à Los Angeles (sic). « Lettre
à France » fut composée dans un restaurant de New-York, un soir de
déprime, la mélodie notée sur un coin de nappe en papier. Son bonheur de
retrouver son public, en 2007, lors d'une tournée triomphale, avec en point
d'orgue de ce retour, un grand concert pour le 14 juillet, devant plus d'un
million de spectateurs.
Lorsque
j'étais au collège, puis au lycée, il m'est arrivé de lire de petits ouvrages
appelés « Profil d'une oeuvre », à défaut de me farcir tout un roman
qui ne me plaisait pas. A la fin de ce « Sperme », j'eus la même
sensation. Je suis capable de raconter Polnareff, dans les grandes lignes, sans
rien en savoir. Cette autobiographie pourra satisfaire les novices, mais si
vous avez déjà vu « Un jour, un destin », consacré au chanteur à
lunette noire, alors, vous pouvez vous passer de ce livre. Vous n'y apprendrez
rien.
Quant
au titre, je n'y vois qu'une éjaculation littéraire précoce. Rien de plus.
Olivier Vadrot