lundi 21 mars 2016

La jeune fille et Gainsbourg

Constance Meyer a vécu avec un joli secret, pendant près d'un quart de siècle. Jeune adolescente de quinze ans, elle rencontra Serge Gainsbourg, gràce à une lettre glissée sous la porte du 5 bis, rue de Verneuil, en tomba éperdument amoureuse, au cours de leur premier dîner et partagea l'intimité du créateur de "Je t'aime moi non plus", de 1985 jusqu'à sa disparation, en mars 1991.

A l'opposé des biographies traditionnelles, qui nous rapportent des propos glanés ça et là, l'auteure nous fait pénétrer dans le secrêt du quotidien de l'artiste, dans ce qu'elle a vu, entendu, senti ou ressenti.


Ce livre ce lit, autant qu'il se regarde. Tel un scénario de cinéma, on suit Gainsbourg - jamais Gainsbarre -  au fil de sa vie, des soirées passées à la maison, quand il cuisine au beau milieu de la nuit ou lors de visites surprises au commissariat du quartier, venu avec force bouteilles de Champagne et jambon de pays. On assiste à l'écriture du scénario de "Charlotte for ever", dicté en une nuit, à une dactylo venue avec sa machine à écrire et installée dans la bibliothèque, au premier étage du petit hôtel particulier. 

Surtout, nous découvrons, pour ceux qui en doutaient encore, un Lucien Ginzburg terriblement humain, d'une rare gentillesse et extrêmement généreux, avec ceux qui croisaient sa route. Rares sont ceux qui ouvrent leur porte aux inconnus et file des billets de cinq-cent balles, aux mômes ayant attendus sous la pluie, afin qu'ils puissent rentrer chez eux en taxi, après avoir dit leur admiration au chanteur.

Constance Meyer a retrouvé l'âme de ses quinze ans pour écrire ce récit. A la fin du livre, quelques pages recopiées de son journal intime, nous plongent dans les battements de son coeur pour celui qui avait quarante ans de plus qu'elle, mais qui ne l'a jamais considérée comme une enfant. C'est beau, parce que c'est sain. L'amour consenti et partagé n'a pas d'âge.

Olivier Vadrot